BIO

Historique

Vouloir assigner Al’Tarba à une case est une mauvaise idée. Parce qu’il est un joyeux bordel qui malgré ses 28 ans aurait déjà de quoi égarer exégètes ou biographes qui voudraient retracer son parcours.

Presque 10 ans de carrière, 5 albums et 2 EP, des collaborations à la pelle, et tout ou presque a été dit à son propos. Souvent vraies, les déclarations sur l’artiste hyperactif ne le sont que si on accepte qu’elles soient parcellaires.

Résumons : Membre d’un groupe de rap dès la primaire, le jeune toulousain baigne dans les musiques variées d’une famille ataviquement mélomane. Le punk l’embarque : des Damned, New-York Dolls, ou Ramones, il passe via le skate qu’il pratique et la culture californienne qui va avec, le punk rock des groupes comme Rancid ou NOFX. Il rencontre à cette époque ses futurs potes du Droogz Brigade. Eux aiment ce qui se passe de l’autre côté des USA, à New York : Mobb Deep, Necro, Wu Tang. Al’Tarba découvre donc le Hiphop ricain, et passe de (mauvais) bassiste d’un groupe punk à ses premiers bidouillages solo façon East coast.

Dès lors, au gré des ballades musicales de ce curieux de nature, on le considérera successivement comme un pur beatmaker Hiphop, sombre voire horrorcore, dans la lignée des Necro et Stoupe, puis comme un sautillant compositeur electro swing – genre Chinese Man – avec les succès de Mushroom Burger, Petite maline ou Sexy Coccinelle, avant que des incursions plus douces ne le situe aux côtés d’artistes abstract hip- hop comme RJD2 ou DJ Shadow.

Il y aurait de quoi être perdu si toutes ces facettes ne dessinaient pas lorsqu’on recule de trois pas un univers cohérent et nuancé. Loin du beatmaker sous influence, Al’Tarba s’avère être définitivement un artiste solo cultivé, revendiquant la complexité et délaissant l’étiquette du « puriste » trop souvent attachée au punk ou au hip hop.

Lui est le créateur d’un monde fantasque, grandiloquent, parfois grotesque, où cartoons, films de genre, comics gore, belles gosses et voyous se retrouvent, où l’innocence de l’enfance se confronte à la violence et au mal être de l’âge adulte. Le monde réel donc, passé au filtre onirique de l’artiste dans Let the ghosts sing. Chef d’orchestre de ce bal joyeusement funèbre, Al’Tarba invoque des sonorités organiques de pianos et glockenspiel, guitares ou trompettes, auxquelles répondent beats abstract et nappes electro.

Surtout – le titre s’explique – l’album est traversé de voix. Celles, samplées, fugaces, en filigranes, comme autant d’apparitions qu’on n’est pas vraiment sûr d’avoir vues, et celles véritables cette fois d’une chanteuse tzigane nommée Paloma Pradal de Bonnie Li, Jessica Fitoussi ou d’une reggae-girl genevoise du nom de Danitsa.

Des très introspectifs Siberian Vengeance ou Still Insomniac, aux plus headbangers Gangster & Rude Girls ou My Vicious Side, tout dans Let the Ghosts Sing a quelque chose de la joie macabre d’un Tim Burton ou d’un Jean Pierre Jeunet. C’est toute la force d’Al’Tarba et de cet opus, générer un endroit imaginaire où on retrouve avec un plaisir adulte et étrange la nostalgie et l’épouvante de notre enfance.